Benjamin Lindbergh : le pouvoir de la mémoire

Benjamin Lindbergh : le pouvoir de lamoire

Categorie: Interviews
Date de publication:

Peu de photographes de mode ont réussi à captiver notre inconscient collectif aussi bien que Peter Lindbergh. Jusqu’au 14 mai 2023, l’Espace Vanderborght accueille « Untold Stories », son exposition posthume qui présente certaines de ses œuvres les plus significatives et les plus belles, ainsi que quelques surprises.

Peter Lindbergh

Lindbergh avait un talent unique pour capturer l’être humain, en particulier la femme. Plus attiré par leur humanité que par leur image publique, il a également photographié d’innombrables célébrités, artistes et actrices, révélant leur côté vulnérable et les rendant ainsi plus accessibles.
Son fils Benjamin Lindbergh tient à préserver l’aura de l’œuvre de son père et considère que « Untold Stories » nous donne un nouvel aperçu de l’univers du photographe et de son incroyable regard. Nous l’avons rencontré pour parler de l’intemporalité des photos de son père, ainsi que des souvenirs de son enfance passée avec lui pendant les séances photo.

Missy Rayder, Rachel Roberts & Jayne Windsor (c) Lindbergh

Pourquoi Bruxelles est-elle importante pour « Untold Stories » ?

Bruxelles est notre 8e étape de l’exposition, mais c’est aussi notre première capitale, ce qui est important pour nous. Nous avons été aimablement invités par l’Espace Vanderborght à présenter l’exposition ici, ce qui convenait en toute logique.

Uma Thurman (c) Lindbergh

Votre père entretenait-il des relations étroites avec ses collectionneurs belges, qu’il s’agisse de particuliers ou de grandes institutions ?

Oui, tout à fait. Il existe des collectionneurs incroyables en Belgique et ils sont très fidèles aux artistes qu’ils apprécient. J’ai remarqué qu’ils n’ont pas tendance à vendre leurs pièces facilement et préfèrent de loin les conserver. Certaines collections belges sont restées intactes pendant des années.

Naomi Campbell (c) Lindbergh

Vous avez grandi à Paris, voyiez-vous souvent votre père ou était-il toujours en déplacement ?

Mon père était toujours en voyage, il était par conséquent souvent absent pendant mon enfance. Plus tard, lorsque j’ai décidé de travailler avec lui, j’ai réalisé que c’était probablement le meilleur moyen de le connaître et de passer du temps ensemble. Il n’a jamais cessé de photographier les gens. Je suis né au début des années 1980, et il était très demandé dès cette époque. Cependant, même si je souffrais parfois de son absence, nous avions un lien et une relation très forts. Cela a toujours été le cas, depuis le tout début.

Milla Jovovich (c) Lindbergh

Comment votre père évoquait-il l’industrie de la mode ?

Par moments, il semblait assez critique à son égard.
Cependant, je ne pense pas qu’il avait autant de reproches pour la mode, car celle-ci lui permettait de faire exactement ce qu’il voulait sur le plan créatif. Ce qui lui importait avant tout, c’était la personne, et celle-ci était toujours au centre de sa photographie. La mode n’a jamais été son centre d’intérêt, il l’a seulement utilisée pour atteindre ses objectifs. Je pense que ce qu’il a trouvé difficile, c’est le début de l’ère numérique et la façon dont tout le monde a commencé à trop retoucher les visages et les corps. Ce que les marques appellent « imperfection » était pour lui une marque d’esthétisme, et il refusait de travailler pour des clients ayant de telles pratiques.

Mariacarla Boscono & Sharon Cohendy (c) Lindbergh

Lorsqu’il avait affaire à des célébrités, qui sont incroyablement protégées, avait-il déjà en tête ce qu’il voulait filmer, ou se contentait-il d’improviser ?

Il improvisait tout le temps. Il avait l’art de mettre tout le monde à l’aise et d’éloigner les célébrités de leur entourage d’une manière très intelligente. Au final, il n’y avait que lui, le sujet et son appareil photo.

Sa stature l’a-t-elle aidé ?

Il ressemblait à un gros ours en peluche et n’était pas intimidant physiquement.
Bien sûr. Il était très tactile et aimait être entouré de gens. Il n’a jamais rien exigé de ceux qu’il photographiait, car il ne voulait pas que quiconque se sente mal à l’aise. En fait, il leur donnait beaucoup de liberté devant l’objectif pour s’exprimer.

Antonio Banderas (c) Lindbergh

Comment expliquez-vous l’intemporalité de son œuvre ?

Chaque photographie est sincère, et c’est l’un des éléments qui rend son travail intemporel. Il a également entretenu des relations de très longue date avec des rédacteurs en chef, des mannequins, des coiffeurs et des maquilleurs. Ils ont tous grandi ensemble, mais sans jamais faire de compromis. Mon père savait exactement comment il voulait représenter les femmes. À ses yeux, elles sont des êtres forts, indépendants et confiants, et non des dames qui déjeunent ou des épouses trophées.

Lynne Koester (c) Lindbergh

Avez-vous des souvenirs de séances avec lui quand vous étiez jeune ?

Bien sûr. Chaque fois que j’avais des vacances scolaires, mon père m’emmenait avec lui pour des séances photo. À l’époque, les équipes étaient petites et on pouvait facilement s’absenter quelques jours. Nous sommes allés en Camargue, en Picardie, ou nous avons travaillé le long des plages de Deauville ou de Trouville. Honnêtement, cela dépendait vraiment de la mission. Je jouais au volley-ball avec mes amis pendant qu’il préparait une séance photo pour un éditorial de mode de 20 pages. C’était vraiment très amusant d’être autour de lui pendant qu’il travaillait, un peu comme une troupe de cirque qui serait payée pour faire précisément ce qu’elle aime.

Interview par

Philippe Pourhashemi

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