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Philippe Pourhashemi : la mode, si elle a du sens

Philippe Pourhashemi :
la mode, si elle a du sens

Categorie: Interviews
Date de publication:
©Fucking young

Journaliste, directeur artistique et conseiller en communication pour de jeunes créateurs, ce citoyen du monde formé aux langues étrangères à Glasgow porte un regard éclairé, mais pas blasé sur une industrie qui se réinvente.

©Merel Hart x No/an
Votre approche du journalisme est atypique. Est-ce une conséquence de vos études ou de votre manière d’envisager la mode ?

J’ai d’abord étudié les langues et civilisations étrangères en Ecosse. Pendant mon cursus, j’ai appris l’italien, l’anglais et l’allemand. Mon background n’est donc pas du tout centré sur la mode. À mon retour à Paris après mon Master, on m’a proposé de faire un doctorat en sciences culturelles. À cette période, j’ai fait la connaissance de la directrice commerciale de Balenciaga. Elle ne venait pas non plus du business de la mode. Mon profil l’a séduite, tout comme mon envie d’apprendre. Ce début de carrière m’a permis de côtoyer la presse, les acheteurs, les stylistes… et de comprendre certains fondements du business de la mode, comme la nécessité de proposer, sur une même saison, des pièces de défilé et d’autres plus commerciales. L’écriture, je n’y suis venu que plus tard, vers 2007.

Vous voyagez dans le monde entier. Quel regard portez-vous sur la mode belge ?

La Belgique est un petit pays nourri par une foule d’influences diverses. Pourtant, très paradoxalement, c’est un vivier de talents: designers, photographes, mannequins, producteurs de défilés… D’où peut venir cette créativité ? Je me pose souvent la question. Je dirais à une certaine forme de résistance aux tendances. Les Belges sont connus pour la qualité de leurs propositions et pour leur capacité à redéfinir le style, à inventer un nouveau vocabulaire de la mode. Ils sont la preuve qu’on peut réussir à l’international sans faire de pub, ni quitter son pays. Comme les Japonais, ils ne cherchent pas le buzz. Leur approche est très humble.

©Laetitia Bica
Les 6 créateurs d’Anvers appartiennent aujourd’hui à l’ancienne génération. Vers où doit-on regarder aujourd’hui ?

Je suis fasciné par cette nouvelle génération belge – constituée de femmes – qui, dans le sillage de Filles a Papa, ont su créer une marque et lui donner une vraie crédibilité sur le plan international. Je pense notamment à Façon Jacmin dans le registre du denim, 42|54 dans le sportswear ou NO/AN, un label d’accessoires que je suis depuis ses débuts. 

La mode est en plein chamboulement. Comment appréhendez-vous les changements qui s’opèrent actuellement ?

J’ai une vision très paradoxale de la mode. D’un côté, nous nous trouvons en présence d’une industrie virtuelle constituée de marques nées sur Instagram, de célébrités qui se sont improvisées designers et de créateurs tombés dans le piège du show-business. Est-ce encore de la mode ? La question est posée. D’un autre côté, j’observe l’engouement de la presse et des consommateurs pour de nouvelles marques équitables et écologiques. Prenez Marine Serre, une designer formée en Belgique. 50% de sa collection est conçue sur base de matières recyclées. Ces créateurs remettent des valeurs morales dans le vêtement. Comme Martin Margiela l’a fait, il y a 30 ans. À l’époque, personne ne comprenait sa démarche. Aujourd’hui, la prise de conscience éthique est bien réelle.  

Face à cette overdose de marques et de projets, est-ce que créer une nouvelle marque a encore un sens ?

La mode est intimement liée à l’idée de séduction. Difficile, dans ces conditions, d’empêcher un designer de créer le désir chez les consommateurs. Mais si l’on observe l’ensemble des marques qui sont lancées chaque année, à peine 10% réussissent à s’imposer. Preuve que le secteur pratique lui-même un écrémage naturel. La mode est éphémère. Je pense qu’il faut l’accepter. À condition qu’il soit mué par un vrai désir et qu’il ait un potentiel réel, j’encouragerais toujours un jeune designer à se lancer. C’est un apprentissage, une école de la vie. Ce qui est plus problématique, en revanche, c’est de voir comment la presse encense certains jeunes qui, auréolé d’un ou deux prix, sont catapultés dans des showrooms ou des salons sans y être préparés. Ce besoin constant de nouveauté est l’un des principaux défauts de notre industrie.  

Impossible de parler mode sans parler de transparence, d’éthique ou d’écologie. Au-delà du buzz, l’industrie fait-elle assez d’efforts dans ce sens ?

Si vous me demandez s’il est judicieux d’envoyer des journalistes à l’autre bout du monde pour assister à un défilé qui dure dix minutes, je vous répondrai que non. D’autant que les marques qui ne font pas d’effort en matière d’éthique ou d’écologie n’ont plus aucune chance de séduire la nouvelle génération de consommateurs. Mais lorsqu’on aborde ces questions, il faut toutefois rester prudent. Les défilés sont vecteurs d’emplois. Doit-on mettre tous ces gens au chômage ? À titre personnel, j’ai réduit la fréquence de mes voyages et je n’achète plus aucun vêtement issu de la « fast fashion ». C’est ma manière à moi de choisir mon camp.

Fashion Coaching (c) Philippe Pourhashemi
Votre métier, celui de journaliste, se réinvente également. Comment l’abordez-vous ?

De manière hybride, dans le sens où je ne l’envisage pas comme une fin en soi. Pour moi, c’est juste une plateforme qui m’ouvre d’autres portes. En parallèle, je collabore avec WBDM dans le cadre de cycles d’accompagnement pour les créateurs et j’ai également fondé La Swiss Fashion Association. Cette année, nous serons présents au salon Who’s Next pour promouvoir les talents helvètes. Une manière de faire valser les clichés en montrant le caractère multiculturel du pays et, pour moi, de revenir à une facette plus commerciale de la mode. 

Interview par

Marie Honnay 

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WBDM s’associe à TLmagazine pour promouvoir et diffuser la créativité et le talent belges à l’international. Pour découvrir plus d’articles sur la créativité belge, rendez-vous sur TL Magazine.

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