Des Belges à Florence

Des Belges à Florence

Categorie: Articles
Date de publication:
Pitti Immagine Uomo

Retour sur la dernière édition de Pitti Immagine Uomo en juin.
Le Pitti Uomo est un rendez-vous incontournable pour les amateurs de mode et de vêtements pour hommes, qui se réunissent deux fois par an à Florence pour y découvrir les dernières tendances et évolutions de la garde-robe masculine. Bien entendu, il y a également un look Pitti Uomo, qui est devenu célèbre dans le monde entier et qui rend hommage à la beauté du tailoring, un segment essentiel de la mode italienne. Cette année, le salon a été caractérisé par une présence belge intéressante, qui s’est traduite par des exposants ainsi que par des évènements spéciaux du programme.

Olivier Theyskens AW22

Pour Lapo Cianchi, directeur de la Communication, des Évènements spéciaux et des Relations internationales chez Pitti Immagine, la Belgique est un exemple intéressant qui montre comment un pays peut encourager des talents nouveaux et prometteurs tout en refusant de jouer le jeu habituel imposé par l’industrie.

La mode belge séduit les Italiens pour bien des raisons. Les créateurs belges ont investi leur argent dans des défilés mémorables plutôt que dans de la publicité, et cela les a vraiment fait sortir du lot. Prenez Olivier Theyskens par exemple, dont les incroyables collections ont retenu l’attention du monde de la mode à la fin des années 1990. Les créateurs belges vont à contre-courant et ils possèdent souvent un style singulier.

Ann Demeulemeester Guest of Honour

Pour ce qui est de définir l’essence même de la mode belge, Lapo Cianchi fait une réponse pertinente.

Je dirais que la mode belge est tout à fait consciente des traditions et prône une approche éduquée, mais en transgressant et en défiant les règles, elle touche également un large public, bien au-delà des frontières du pays.

Il est évident que le marché belge est loin d’être le plus important ou le plus lucratif d’Europe, mais pour Lupo Cianchi, son caractère hautement qualitatif en fait un marché crucial pour les marques italiennes.

La Belgique adopte de nouvelles marques chaque saison et je pense que si vous réussissez “le test belge”, vous avez de réelles chances de bien vous en sortir en Europe. Dans le même ordre d’idée, je dirais que c’est également le cas du Japon pour le reste de l’Asie.

© Waste Yarn Project

À propos du salon lui-même, y avait-il des marques belges qui illustraient cet esprit d’innovation ?

Sebastian Maes, qui est né et a grandi à Bruxelles, a cofondé le Waste Yarn Project avec Siri Johansen. Ce dernier a travaillé en tant que responsable des vêtements en tricot pour Kenzo, Burberry et Pringle of Scotland. Le concept général de leur marque est de créer de superbes pulls uniques en leur genre, en n’employant que des restes de laines. Les vêtements qu’ils créent sont par conséquent uniques, unisexes et très confortables. La forme de chaque pièce est conçue à l’avance et les vêtements sont ensuite tricotés à la main, avec une machine manuelle. Mais chaque pull possède une combinaison unique de laines et de couleurs qui dépend des fils disponibles.

© Waste Yarn Project

D’après Sebastian Maes, qui a présenté la collection au Pitti Uomo pour la 2ème fois en juin dernier, le projet a été très long à mettre en place.

Je m’occupe de tout ce qui concerne la fabrication et nous avons actuellement 3 usines qui travaillent pour nous. Quand Siri et moi avons constaté le gaspillage engendré par la fabrication des vêtements en tricot et la quantité de laine non utilisée, nous avons décidé de réagir. Nous avons établi nos propres styles classiques, que nous proposons chaque saison et notre objectif est d’avoir une collection permanente, plutôt que de suivre des cycles saisonniers. Ce n’est pas toujours facile, mais nous tentons de relever ce défi. Et si nous avons eu des ventes directes dès nos débuts, la vente en gros reste essentielle pour des marques comme la nôtre. Nous ciblons principalement les acheteurs chinois et nord-américains, qui sont de retour cette fois encore. Ce qui est génial avec Pitti Uomo, c’est que le salon conserve son côté international et que les acheteurs prennent réellement le temps de discuter avec les marques et de comprendre leur philosophie.

Du point de vue des acheteurs, le Pitti Uomo est également un rendez-vous incontournable, offrant une combinaison de nouveaux produits et d’évènements de mode inspirants. Pour Sonja Noël, pionnière de la mode belge et propriétaire de la boutique la plus avant-gardiste de Bruxelles, Stijl, la participation au Pitti est toujours une expérience particulière.

Je trouve cela réellement passionnant de voir de nouveaux fabricants italiens produire et lancer leurs propres collections. Le style Pitti est unique au monde, et j’adore observer les styles vestimentaires des hommes ici. Les vestes sont très ajustées au corps avec des manches courtes et associées à des pantalons slim qui ont également un ourlet plus étroit. D’une certaine manière, ce look reste indifférent aux tendances et c’est incroyable de voir qu’il perdure autant. J’ai récemment passé commande auprès de Ten C, une superbe marque italienne de vêtements d’extérieur réalisés à partir de tissus japonais. Voilà ce que j’adore à propos du Pitti : la possibilité de découvrir de nouvelles marques.

Ann Demeulemeester était invitée d’honneur du Pitti Uomo de Florence, où une rétrospective saisissante de plusieurs décennies de son travail était présentée. La nouvelle venue britannique Wales Bonner était quant à elle la styliste invitée du salon et y a présenté sa nouvelle collection. Si ces deux créatrices sont de générations et d’origines culturelles différentes, il est difficile de ne pas se dire qu’elles partagent le même esprit rebelle et la même volonté de défier le statu quo. Pour Sonja Noël, voir la rétrospective du travail de la créatrice belge a suscité toutes sortes de sentiments et ravivé de nombreux souvenirs.

J’achète la collection d’Ann depuis 1988. J’ai été ravie de la voir et elle a tenu à me remercier d’avoir été l’une des premières à acheter sa marque. Même si elle ne crée plus depuis presque dix ans, j’aime la nouvelle direction qu’a prise la marque et je pense qu’elle a un bel avenir devant elle.

Interview par

Philippe Pourhashemi

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