Studio Plastique - Faire le pont.

Studio Plastique
Faire le pont

Categorie: Interviews
Date de publication:
©Studio Plastique

A peine revenus de New York où ils ont participé à ECO-Solidarity, un rendez-vous programmé dans le cadre de WantedDesign Manhattan, Archibald Godts et sa complice Theresa Bastek, les fondateurs de Studio Plastique, reviennent sur ce rendez-vous, ainsi que sur les fondamentaux de leur projet.

Archibald, vous êtes belge. Et vous, Theresa, allemande. Vous vous êtes croisés lors de vos études à la Design Academy d’Eindhoven. Qu’est-ce qui vous a amenés vers cette école et comment en êtes-vous arrivés à fonder votre studio ?

Theresa : Nous venions tous les deux de terminer des études dans le registre du design. Ce qui nous intéressait dans ce cursus, c’était son approche expérimentale et la réflexion autour de la manière dont le design peut être un vecteur de bien-être. Ce côté très humaniste du design figure au cœur de notre approche. Nous ne nous intéressons pas uniquement à la forme et à l’esthétique, mais bien à la place qu’occupe le design dans la société : depuis le sourcing des matériaux jusqu’à la fin du cycle des produits.

Parlez-nous de votre manière de travailler.

Archibald : Dans le cas d’un projet commissionné par un client en particulier, la première partie du travail consiste à comprendre précisément les besoins de ce client et la réalité de son activité. Vous pouvez en effet avoir les meilleures intentions du monde – en termes de durabilité, notamment -, si le contexte de la demande est globale, il est nécessaire de tenir compte de cette réalité dans le choix des processus de fabrication et de la modification des matériaux. Dans sa recherche de solutions, le designer est souvent confronté à des limites. Notre objectif est de tenter de les repousser par le biais de connexions entre les contextes et les matériaux.

Vous travaillez pour des clients actifs dans des domaines très variés, dont la mode. Parlez-nous de votre récente collaboration avec une marque de luxe.  

Archibald : La marque nous a contactés dans le cadre d’une réflexion, non pas sur le produit en tant que tel, mais bien sur la manière dont il est présenté dans les vitrines des boutiques. L’aménagement de ces espaces éphémères amène toute une série de questions relatives, notamment, au choix d’une typologie de matériaux à la fois esthétiques, adaptés à une utilisation éphémère et dans le contexte d’une application à l’échelle globale. Il s’agit donc d’un jeu d’équilibre entre ces différents paramètres. 

Linen Lab (c) Studio Plastique
L’un de vos projets vous a amenés à collaborer avec les Savonneries Bruxelloises.

Archibald : Le Linen Lab, un projet réalisé en collaboration avec des scientifiques et des chercheurs de différents secteurs, s’articulait autour de questionnements à la fois géopolitiques, économiques et historiques. L’objectif étant de réfléchir à la culture, la transformation et l’utilisation du lin dans un contexte nouveau. Autrefois, en Belgique, l’huile issue des graines de lin était utilisée pour fabriquer des produits d’hygiène. Il s’agit donc d’une réflexion sur la manière dont on peut donner de la valeur ajoutée à un produit. Dans ce cas précis, il a abouti au développement de plusieurs produits, dont un gommage pour le corps solide.

Vos recherches prennent souvent la forme d’expositions présentées dans le cadre d’expositions comme il y a quelques mois au z33 de Hasselt. Expliquez-nous.

Il s’agit d’un projet qui questionne la notion d’énergie. Dans notre travail de designers, le fait de s’intéresser à une matière première immatérielle, mais essentielle à notre vie de tous les jours, est évidemment très intéressant. Réfléchir à comment on peut envisager cette force motrice, également source de problèmes (notamment dans le contexte du réchauffement climatique) figure au cœur de notre démarche. En nous mettant dans la position de ceux qui n’en disposent pas (comme dans certaines régions du monde), nous proposons des pistes pour réinventer notre rapport à l’électricité et la manière dont nous la consommons.  Pour notre studio, ces recherches que nous menons à l’invitation de certaines institutions sont essentielles dans le sens où elles débouchent souvent sur des collaborations plus concrètes.

Vous venez de participer à ECO-Solidarity. En quoi ce rendez-vous qui réunissaient de jeunes studios comme le vôtre, était-il intéressant dans le contexte d’une foire du design à l’approche plutôt conventionnelle?

Theresa : Il est vrai que Common Sands, le projet que nous avons présenté à New York en mai dernier, contrastait clairement avec les enjeux résolument économiques de cette foire. Dans ce cas-ci, nos recherches ont abouti à une collection de carreaux de verre fabriqués sur bases de composants issus de fours mis au rebut. Dans un environnement comme celui du salon new-yorkais, ce type de projets a le mérite de questionner les modes de fonctionnement classiques de l’industrie.

Après plusieurs années de travail en studio, il est à nouveau possible de voyager et de présenter son travail sur un autre continent. Pour vous, c’est essentiel?

Theresa : L’idée de partir si loin pour une courte période de temps nous a évidemment obligés à nous poser des questions sur la pertinence d’un tel déplacement. Nous pensons toutefois qu’il est à la fois intéressant et important de placer notre réflexion dans un contexte autre que strictement européen. Aux États-Unis, l’écologie est au centre des débats, mais les applications concrètes dans l’industrie tardent encore à se manifester. 

Interviewés par

Marie Honnay

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