Le regard qu’elle porte sur les créateurs belges et l’attention si particulière qu’elle accorde à leur travail fait d’elle une sorte d’ovni dans le secteur de la mode. Rencontre avec une passionnée.
Stijl, sa boutique de la rue Dansaert, on ne la présente plus. Il y a une poignée d’années, elle en a ouvert une deuxième de l’autre côté de la rue, histoire d’offrir plus d’espace aux marques masculines qu’elle distribue. Ce choix résultait d’une constatation:
les hommes s’intéressent de plus en plus aux belles choses. Ils savent apprécier les coupes, les matières et courent moins que les femmes après les dernières tendances
nous a expliqué Sonja Noel. Lorsqu’on connait un peu sa philosophie de travail, on comprend que ce détail est loin d’être anodin. Car ce qui la fait vibrer, c’est la personnalité des créateurs, les histoires derrière leur collection, l’intention qui se cache derrière le pli d’une veste.
Dans sa démarche, tout doit faire sens: les vêtements et les accessoires qui traduisent sa vision de la mode, mais aussi l’aménagement des magasins et l’engagement de collaborateurs aussi impliqués et passionnés qu’elle l’est elle-même.
Si elle parle doucement, presqu’en chuchotant, comme si elle pesait chaque mot avant de le prononcer, Sonja Noel n’en reste pas moins volubile lorsqu’il s’agit d’évoquer les designers auxquels elle croit. Faire confiance aux jeunes signatures, c’est l’essence-même de sa démarche.
Il y a 20 ans, lorsque Dries van Noten ou Martin Margiela se sont lancés, tout était plus simple qu’aujourd’hui. En 2016, le rythme de la mode était tout autre. Néanmoins, s’il est vrai que les conditions étaient meilleures pour lancer une marque dans les années 80 ou 90, les enjeux restent les mêmes. Les valeurs auxquelles je crois aussi.
Lorsque Sonja Noel décide de donner sa chance à une marque, il ne s’agit pas de la distribuer une seule saison:
je lui laisse du temps pour trouver sa place dans ma sélection et dans l’univers de mes clients. Les gens ont besoin de comprendre l’histoire derrière une signature pour s’y intéresser. Et puis, au delà de l’histoire, il faut évidemment que le vêtement offre une vraie plus-value en termes de coupe et de placement sur le corps.
Deux fois par an, Sonja Noël se plonge avec le même intérêt dans les collections d’Haider Ackermann, de Dries van Noten, d’AF Vandevorst ou encore de la créatrice bruxelloise Sofie d’Hoore. Elle décrypte le message, le sens des imprimés, le rendu des coupes… Passionnée de théâtre, de beau mobilier et d’art contemporain, la propriétaire de Stijl ne semble jamais se départir de son incroyable curiosité. Pas celle qui rime avec réseaux sociaux, buzz ou encore tendances. Plutôt une curiosité de coeur qui donne de l’âme à ses enseignes.