Michael Marson : les plaisirs de l’édition

Michael Marson : les plaisirs de l’édition

Categorie: Interviews
Date de publication:
Shadowplay cover

Diriger un magazine est un travail exigeant, et veiller à ce qu’une publication perdure est un défi en soi, mais lorsque tout se passe bien, c’est gratifiant. Nous avons rencontré le belge Michael Marson pour discuter de son parcours dans la mode, des raisons qui l’ont poussé à se tourner vers la presse écrite et des aspects du travail qui lui tiennent le plus à cœur.

Depuis que les réseaux sociaux ont commencé à accaparer nos vies et à nous fournir des informations 24 h sur 24, les magazines de mode traditionnels éprouvent des difficultés à conserver leur place, et certains ont dû mettre la clé sous la porte. Aujourd’hui, des influenceurs tels que Chiara Ferragni font la couverture de Vogue, et même s’il semble que le monde de l’édition tente de suivre le rythme instauré par Instagram, la situation est un peu plus complexe qu’il n’y paraît.

Pour Michael Marson, fondateur et rédacteur en chef de Behind The Blinds et de Shadowplay, la presse et les éditions écrites ne disparaîtront pas de sitôt. Michael Marson, un amoureux des livres qui a l’âme d’un collectionneur, conserve dans son appartement de Bruxelles des volumes rares. En réalité, il comprend que de nombreuses marques considèrent encore l’imprimé comme la cerise sur le gâteau et souhaitent faire partie de publications indépendantes comme la sienne. S’il est possible de considérer Internet comme une source d’informations de masse, le magazine fonctionne sur une base beaucoup plus subtile et sélective, offrant un véritable point de vue et des contenus importants, depuis les entretiens approfondis jusqu’aux longs éditoriaux.

Shadowplay cover - Isabelle Hupper

Que faisiez-vous avant de lancer Behind the Blinds ?

Je travaillais avec Sandrina Fasoli sur sa marque du même nom. Nous avons remporté les « Mango Fashion Awards » en 2007 et la marque s’est ensuite rapidement développée. Nous avions un partenaire financier et nous vendions dans le monde entier. Finalement, nous avons tous deux décidé d’arrêter. Ce fut sans aucun regret de ma part, car j’avais réalisé que je ne voulais pas passer le reste de ma vie à fabriquer des vêtements. Cette expérience a été enrichissante, mais les tâches liées à la marque étaient tellement nombreuses que nous n’avions pas réellement de recul.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Nous n’avons pas mis fin à la marque pour des raisons financières, mais parce que, à un moment donné, Sandrina et moi avons estimé que les choses ne prenaient pas la direction que nous souhaitions, et qu’il était donc mieux de nous arrêter. Mais il nous a fallu beaucoup de temps pour y parvenir, presque un an je crois. J’ai commencé à travailler comme consultant ou comme styliste pour différents clients, ainsi qu’à m’occuper de la production.

Behind the Blinds

Lorsque je suis arrivé à Bruxelles en 2008, il n’existait aucune publication indépendante consacrée à la mode et à la culture, et pourtant tout le monde s’en plaignait.

J’en étais conscient, et il est vrai que malgré le nombre de personnes créatives qui vivent ici, très peu de magazines reflétaient cette créativité. Cependant, la Belgique représente un marché restreint, ce qui complique les choses en matière de marketing et de publicité.

Est-il possible de gagner sa vie en dirigeant un magazine aujourd’hui ?

Bien sûr, c’est un peu délicat. Je suppose que j’ai de la chance, car je peux travailler avec de nombreux indépendants talentueux qui connaissent leur domaine. Parallèlement, le magazine attire des clients avec lesquels je peux travailler sur différents projets, ce que j’apprécie également.

Behind the Blinds

Vous avez sorti le premier numéro de Behind The Blinds en 2016 et Shadowplay est sorti en septembre dernier pour la toute première fois. Quel est le secret pour qu’un magazine se maintienne ?

Si vous voulez que votre magazine perdure, vous devez nouer des relations solides avec les grandes marques, ainsi qu’avec les marques émergentes. Cela prend énormément de temps, et vous devez les convaincre que serez fidèle et loyal sur le long terme.

Vous avez un goût prononcé pour le papier et une passion pour les livres. Quels sont vos premiers souvenirs de la presse écrite ?

Lorsque j’avais 12 ans et que je rentrais de l’école, je m’arrêtais systématiquement chez le marchand de journaux pour voir quels magazines il y avait. Et comme les réseaux sociaux n’existaient pas, vous ignoriez qui allait faire la couverture de votre magazine préféré et il y avait donc ce suspense avant que le magazine ne soit mis en vente

Behind the Blinds

Quels magazines achetiez-vous ?

Vogue Paris et Glamour, ce qui était assez audacieux pour l’époque. Le contenu de ces magazines était plutôt insolent et avant-gardiste, grâce à des personnes comme Carine Roitfeld et Juergen Teller qui travaillaient pour eux. En grandissant, je me suis éloigné des magazines grand public. J’allais chaque année passer des vacances aux États-Unis pour voir mon père. Vous pouviez trouver Vogue à peu près partout, et je m’y abonnais en utilisant l’adresse de mon père. Chaque été, je revenais en Belgique avec mes valises remplies de magazines.

Ils étaient aussi plus grands et plus épais à l’époque.

C’est à cette époque que j’ai découvert la mode, l’art et la photographie à travers les magazines, ainsi que sur MTV et par la musique. Voilà comment j’ai développé et approfondi mes connaissances visuelles et mon éducation.

affichage Paris

Pourquoi ce passage par l’impression reste-t-il important pour les marques ?

Je ne pense pas que ce soit le papier qui les intéresse particulièrement, mais ils veulent appartenir à un mouvement qui met en avant la créativité et la liberté, par opposition aux approches plus commerciales. Aujourd’hui, je vois le magazine davantage comme un livre, quelque chose d’intemporel que vous pouvez réouvrir et consulter quand et si vous le souhaitez. Selon moi, le magazine traite de thèmes pertinents plutôt que de l’actualité.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?

J’adore travailler avec des acteurs et des artistes et essayer de les montrer sous un nouveau jour. Je suis ravi lorsque je parviens à surprendre les lecteurs en représentant un visage familier d’une manière originale.

Interview par

Philippe Pourhashemi

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