Lydie Nesvadba : changer de cadre

Lydie Nesvadba : Changer de cadre

Categorie: Interviews
Date de publication:
Barefoot acupunturist ©Lydie Nesvadba

La photographe française puise dans les nombreuses expériences qui ont émaillé sa carrière dense et variée pour imprimer sa signature sur chaque image qu’elle produit. Elle a signé les portraits des 30 designers de la sélection de BOLD Dualities, l’expo 2024 de Belgium is Design à la Milan Design Week.

Barrage des trois gorges ©LydieNesvadba
Au cours de votre carrière, vous avez exploré des domaines très divers, parfois aux antipodes les uns des autres. Racontez-nous le début de votre parcours.

J’ai reçu mon premier appareil photos à 12 ans. J’ai ensuite étudié la photographie à Saint-Luc Tournai, puis à la Cambre. Pour moi qui ai grandi dans une famille au profil très académique, ce cursus a été une révélation : 5 années de rêve durant lesquelles j’ai compris qu’au-delà de me préparer à un métier, ce médium allait me permettre de m’exprimer en tant qu’artiste. J’ai enchainé les projets et les voyages. J’ai photographié à la fois des industriels dans le nord de la France, des gens du voyage et les habitants de la Vallée des Trois Gorges en Chine juste avant sa disparition suite à la construction du barrage. Toute ma vie, j’ai essayé de retrouver la liberté et la candeur qui ont guidé mon travail à cette époque.

Un jour, cette passion dévorante est devenue un vrai métier.

Je suis en effet devenue portraitiste pour le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. L’occasion de me perfectionner dans l’art du portrait. J’ai été amenée à rencontrer de grands artistes comme Paul Auster ou John Malkovitch : une immense carte de visite pour la suite de ma carrière. Tout allait très vite, mais le résultat devait refléter la personnalité de chaque artiste. J’ai aussi réalisé des sujets mode et des reportages pour le magazine du journal Le Soir et poursuivi mes projets personnels, souvent liés à des ONG ou à des sujets humains (comme celui de la trans-identité chez les adolescents). J’ai aussi été membre du 254Forest, un collectif centré sur l’idée de création collaborative. Ce qui m’anime, c’est de m’impliquer pleinement dans chaque projet et de pouvoir ainsi changer de cadre, surtout lorsqu’il s’agit de répondre à un briefing très précis. Cette capacité à capturer des gens en quelques minutes m’aide beaucoup dans le cadre de commandes très spécifiques comme la série de portraits pour Belgium is Design.

Baroness O. ©lydienesvadba
Racontez-nous votre collaboration avec les deux curatrices de cette sélection : Ann Van Assche et Kim Vandeloo (Studio Baroness O.).

D’emblée, elles ont exprimé leur envie de me voir créer une histoire complète. Chaque photo prise séparément devait et refléter la Belgique dans son ensemble. Nous avons travaillé sur les concepts de géométrie, de contrastes, d’ombres et de miroirs. Sur base de ce briefing, j’ai puisé mon inspiration dans 3 ouvrages : un premier sur le langage corporel du sculpteur Erwin Wurm, un deuxième sur la Jan Family (collectif ndlr) et un dernier portant sur un projet du photographe Christian Carez. Sa réflexion autour des cubes a été mon fil rouge pour ces portraits. J’ai en effet invité les designers à interagir avec une série de cubes à l’intérieur d’une boite blanche qu’était le studio. L’idée était qu’ils puissent s’approprier l’espace en se servant de ces éléments comme d’un siège ou d’un appui. 

Lisa Berden ©lydienesvadba
 Face à un si grand nombre de designers, comment faites-vous pour créer des images qui leur ressemblent tout en conservant votre signature et en insufflant cette Identité belge, au cœur du briefing des curatrices ?

Tous les designers ont joué le jeu avec un sens de la dérision et du décalage propre à la Belgique. De mon côté, j’ai longtemps travaillé sur ce projet pour, à la fois, trouver le concept susceptible de rencontrer les souhaits des curatrices, créer des compositions qui tiennent la route et enfin laisser « carte blanche » à chaque designer dans l’expression de son individualité. Tout est une question d’alchimie. Cette préparation est indispensable pour qu’au moment de la prise de vue, la magie opère vraiment. 

Gitans © lydienesvadba
C’est quoi un portrait réussi selon vous ?

Ce qui m’importe, c’est que la personne que je photographie passe un bon moment. Pour qu’une réelle interaction s’installe, il faut créer un vrai rendez-vous qui lui permette de se sentir à l’aise : à la fois regardée et respectée. Ce n’est qu’à ce prix que le sujet se livre totalement et qu’on peut réaliser un beau portrait. Quand le temps est compté, l’échange de regards fait tout ! »

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