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Les espaces libres de Noro Khachatryan

Les espaces libres de Noro Khachatryan 

Categorie: Interviews
Date de publication:

Apprécié des collectionneurs et des architectes en Belgique jusqu’au Liban et aux États-Unis, ce Belge d’adoption, d’origine arménienne, excelle dans le traitement sculptural des matériaux bruts et prend le temps de cultiver l’art du détail.

1080 HUB. Studio Khachatryan. Photo Damon De Backer

On lie souvent vos designs à ceux de la scène du Moyen-Orient. Est-ce à tort ?

C’est en effet quelque chose que j’entends à propos de mes créations, comme le mot « minimaliste ». Bien que je sois établi en Belgique, certaines personnes affirment voir une combinaison d’influences de l’Orient et de l’Occident dans mes designs. Ce n’est pas quelque chose que je revendique. Mes influences sont abstraites.

Vous vous êtes installé en Belgique en 1999 pour étudier l’architecture. Qu’en retenez-vous ?

Ma formation en architecture d’intérieur à l’école d’art LUCA et en architecture à Sint-Lukas, à Bruxelles, m’a donné l’occasion de collaborer avec d’autres architectes de ma génération. J’y retourne aujourd’hui fréquemment pour participer à des ateliers et des conférences en tant qu’enseignant. Vers la fin de mes études, je me suis spécialisé dans le design. Ensuite, j’ai travaillé dans des agences d’architecture en tant qu’indépendant. Je suis resté en Belgique car le contexte était favorable au développement de mon activité.

En quoi la fondation de votre studio de création, en 2010, a-t-elle été déterminante ?

Ce n’est que lorsque j’ai commencé à créer pour moi et que j’ai fondé mon propre studio que j’ai trouvé ma voie : celle de l’architecture des objets. En d’autres termes, je considère chaque objet que je crée comme un espace.

En 2021, vous avez ouvert un atelier et espace d’exposition à Bruxelles. Qu’appréciez-vous dans cette ville ?

Je sens que je peux m’y exprimer pleinement. Bruxelles est toujours fascinante et une source d’inspiration au quotidien. Elle est grande et cosmopolite, mais reste accessible. Elle a un esprit terre à terre, mais ne se repose pas sur ses acquis.

C191 B 2019. Photo Adriaan Hauwaer

Quel lien entretenez-vous avec la galerie d’art Harlan Levey Projects, dont vous partagez les locaux ?

J’entretiens une amitié avec ses fondateurs Harlan Levey et Winnie Kwok, et je crois que nous nous complétons. Ils soutiennent et montrent des œuvres d’artistes sans frontières, qui engendrent souvent à reconsidérer l’espace. Je montre mes designs dans cette même dynamique, avec une importance de premier plan donnée aux matériaux et à leur histoire, ce qui appelle parfois aussi à ce genre de réflexions.

1080 HUB. Photo Thibeau Scarcériaux

A l’étage, votre atelier a une atmosphère à part entière…

L’arrière-maison que j’ai investi avec Harlan Levey Projects est cachée depuis la rue où elle se situe et offre une certaine déconnexion par rapport au monde – on a l’impression d’être dans un cocon. A l’extérieur, tout est très vivant. A quelques pas se trouvent le Millennium Iconoclast Museum of Art (MIMA), la maison communale de Molenbeek et le canal de Bruxelles, qui nous sépare du quartier de Dansaert. Être à la fois proche du centre et à l’écart de celui-ci est une forme de respiration qui me permet de prendre le temps de développer mes projets.

Après avoir monté l’escalier en acier que vous y avez réalisé, on découvre votre espace, monacal…

Les pièces que je réalise y sont disposées dans un esprit certes sobre, mais ce n’est pas un showroom immaculé pour autant. Je considère plus ce lieu comme un atelier créatif.

Que répondez-vous aux questionnements sur vos créations. Sont-elles d’abord artistiques ou fonctionnelles ?

Certains visiteurs sont interpellés par mes pièces, mais pour d’autres, leur fonctionnalité est évidente. D’autres comprennent rapidement que leur intérêt réside dans leur liaison à l’espace, à l’architecture d’un lieu. Je ne cherche pas vraiment à suivre une typologie ou à chercher un effet esthétique quand je crée ou expose une pièce. Je préfère rester ouvert à l’interprétation et à la multifonctionnalité des choses. Ceci dit, la fonctionnalité est toujours bien présente dans mes créations, qui reposent toutes sur des savoir-faire artisanaux. Elle s’exprime particulièrement dans ma suspension lumineuse Dy, mes bougeoirs Jag et ma chaise C.191, tous les trois en bronze.

A quel point la perspective en architecture vous intéresse-t-elle ?

Le concept de perspective m’amène à construire chaque œuvre comme un espace, ou une sculpture, qui peut s’apprécier de différents angles. Ainsi, mes designs évoquent la façon dont certaines œuvres d’art ou objets interagissent avec un espace. Elles le décuplent ou en offrent d’autres visions.

Votre choix du matériau de l’objet intervient-il après son dessin ?

Je réfléchis de manière multidirectionnelle et sans a priori. La forme, tout comme les matériaux aluminium, béton, bois, bronze, marbre et onyx m’intéressent, car j’essaie de générer des créations qui peuvent avant-tout s’inscrire durablement dans un espace, tant du point de vue de l’esthétique que de leur conception. La durabilité signifie pour moi la relation continue, voire pérenne, qu’un objet ou un élément d’architecture intérieur entretient avec un lieu ou un propriétaire.

PN Beirut Lebanon 2019. Photo İeva Saudargaitė Douaih

L’intégration d’un objet dans l’espace est-elle évidente pour vous ?

Il y a des objets que vous sentez que vous pouvez placer dans votre lieu de vie parce qu’ils vous rendent heureux. Mon travail, qui a une dimension architecturale, facilite ce choix. Aussi, je pense avoir mon propre style et que celui-ci est compris sans qu’il ne paraisse trop conceptuel.

En quoi votre pratique d’architecte d’intérieur contribue à cette réflexion ?

Elle répond à mes questions d’échelle et me permet de peaufiner mes objets dans les moindres détails. Au contraire, quand je réalise une architecture intérieure pour un client, c’est le design produit qui m’inspire. Sinon, je n’ai pas de confiance aveugle dans les logiciels de conception 3D. Souvent, je commence par dessiner un objet en faisant abstraction de son échelle, en me concentrant sur les possibilités et les limites qu’offre un matériau, par exemple. Puis, je définis un volume. C’est alors qu’un bloc devient une table etc.

MERONYMS 2019. Photo Adriaan Hauwaer

Evoquez-nous votre travail avec le marbre pur, en bloc.

Mon exploration du marbre noir issu des carrières belges de Mazy et mon intérêt pour l’architecture urbaine et ses monuments classiques comme références (place publique, église…), m’ont conduit à produire Meronyms : une série de pièces en édition limitée qui comporte trois types de tables basses et d’appoint aux contours d’une plateforme, d’un angle et d’une colonne. L’origine de ce mot est grec et désigne “une partie de quelque chose définissant un ensemble”. Ce bloc de marbre a donc défini mon intervention. Je l’ai sculpté petit à petit et j’ai créé un coin, des angles…

Que représente finalement la phase de production pour vos designs ?

Comme pour mes projets d’architecture intérieure, je travaille principalement seul ou avec l’aide d’une équipe qui s’étend si besoin. Je planifie au maximum et je tâche d’être objectif. La partie production tend à devenir de plus en plus courte dans mon process, ce qui m’amène à être encore plus rigoureux que je ne le suis déjà…

Interview par

Mikaël Zikos

Promoting Creative Minds

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