Chef d’orchestre du Mix Hotel, le nouveau fleuron de la famille Limited Edition Hotels qu’il a lui-même fondée, le Bruxellois Jean-Michel André nous a accordé un entretien en prélude à l’ouverture officielle de cette adresse hybride implantée dans les bâtiments mythiques de l’ancienne Royale Belge.
Le Mix n’est pas juste un hôtel. C’est un lieu de vie implanté dans un coin encore trop peu exploité de Bruxelles. Son écrin : l’ancienne Royale Belge, un bâtiment de style brutaliste dont l’impressionnante façade miroir fascine autant qu’elle impressionne. A l’intérieur : un terrain de jeu de 21.000 mètres carré comprenant un hôtel, des espaces de conférence et de travail, un club de sport et de bien-être, deux piscines de nage dont une intérieure, des restaurants auquel s’ajoute, au rez-de-chaussée, le Fox, un food court indépendant, entièrement aménagé, tout comme le Mix, par le studio Lionel Jadot qui, pour ce chantier colossal, a collaboré avec pas moins de 50 designers belges : ses complices de Zaventem Ateliers, mais aussi d’autres choisis parmi les talents émergents de la jeune scène belge.
Cette aventure a commencé par un coup de foudre pour le bâtiment de l’ancienne Royale Belge : un choix assez différent de vos précédents projets hôteliers (Le Berger ou encore le Jam à Bruxelles, mais aussi le Domaine de Ronchinne) mais qui traduit parfaitement votre ancrage belge et votre volonté de mettre en lumière nos joyaux.
J’ai découvert ce bâtiment de l’intérieur pour la première fois en 2020. D’emblée, j’ai été séduit par sa force et par les moyens qu’avait déployé la Royale Belge pour faire de ce bâtiment un véritable bijou, symbole de l’architecture brutaliste. Malgré le caractère très différent de sa première affectation, son grand plateau, ses travées semblables à des couloirs d’hôtel ou encore sa vue sur l’eau, le prédisposaient totalement à la création d’un lieu hybride comme celui-ci. Construit en 1967, il témoigne de l’esprit très visionnaire de son architecte. Quant à mon attachement à la Belgique, il est sans cesse confirmé par l’attrait manifeste qu’elle suscite chez les étrangers – notamment les Français – qui y voient une destination de vie et de vacances de plus en plus séduisante.
Parlez-nous de votre collaboration avec Lionel Jadot. Ce n’est pas une première.
Nous avions en effet collaboré sur une partie du Jam et aussi sur certains espaces du Domaine de Ronchinne, mais pour le Mix, nous avons lancé un concours que Lionel a remporté haut-la-main. Compte tenu du caractère très imposant de l’architecture, nous souhaitions lui rendre hommage en intégrant des références stylistiques et chromatiques à cette période; un peu comme si les nouveaux éléments avaient toujours été là, mais sans tomber dans le piège du vintage. Nous ne voulions rien d’overdressed. Si Lionel a eu carte blanche, nous souhaitions qu’en définitive, ce projet reste le plus humble possible.
Humble et ancré dans le quotidien des Bruxellois.
Notre souhait est en effet d’être un hôtel ouvert sur la ville avec une salle de sport qui accueillera 4.000 membres, des restaurants, dont un avec une grande terrasse, des lieux de travail et de réunion. Nous avons par exemple choisi de fermer le Joule, la cafétéria du club, à 18 heures pour que les clients se dirigent naturellement vers le restaurant ou le bar.
Cette carte blanche à Lionel Jadot a d’emblée pris la forme d’une collaboration avec des dizaines de designer. Au-delà de l’indéniable réussite esthétique du projet, c’est aussi une manière de défendre et de promouvoir le design belge ?
Avec le Mix, nous répondons à une nouvelle demande des jeunes clients ; des clients qui veulent travailler, manger, faire du sport et se détendre dans l’hôtel où ils séjournent. Aujourd’hui, on n’oppose plus les hôtels dits d’affaires et ceux de loisirs. Le Mix est ce qu’on pourrait appeler un resort au cœur de la ville. Parmi les clients d’un hôtel, on rencontre deux types de publics : ceux que le design belge intéresse (nous avons reçu des demandes de gens qui souhaitaient visiter l’hôtel comme s’il s’agissait d’un musée !) et les autres. Pour ma part, j’ai souhaité que ces collaborations soient l’occasion de véhiculer de vrais messages. Lionel Jadot a conçu un livre sur le sujet qui paraitra en septembre. Dans l’intervalle, nous avons créé un magazine qui met en lumière les pièces de collectible design qui habillent les espaces de l’hôtel.
Au Mix, l’espace n’est pas décoré, mais sculpté. Expliquez-nous.
Notre référence, c’est l’auditorium du sculpteur Sabatier. On retrouve des clins d’œil à ses colonnes en béton au niveau du bar, de la salle de sport, etc. La paroi en carton de réemploi sculpté placée à côté de la réception, une œuvre de Papier boulettes, est posée dans l’espace comme une sculpture. Quant aux imperfections de certaines colonne, elles ont été masquées par des bijoux d’ornement du studio Luna Lotta. Notre force, c’est d’avoir pu travailler sans intermédiaire. Depuis les sièges en cuir tissé de Charles Schambourg jusqu’aux boules de sel de la designer Roxane Lahidji , il s’agit de pièces uniques commandées directement aux designers.
Votre ancrage belge se matérialise aussi au travers de votre collaboration avec d’autres partenaires, notamment pour l’image du Mix et son habillage musical.
Pour lui donner le bon tone of voice, nous avons en effet travaillé avec le musicien bruxellois Dan Klein (Mustard & Bongo), qui a conçu plusieurs playlists sur-mesure pour l’hôtel. Et c’est l’agence bruxelloise Base Design qui a signé notre identité visuelle : du logo à la signalétique.