Leur marque, elles l’ont lancée en 2009. Mais Carol et Sarah Piron, les deux sœurs à l’origine de la marque Filles à papa (FAP), préfèrent considérer qu’elle existe depuis 4 ans. « Avant, nous étions plutôt en phase de réflexion » nous ont-elles précisé lors d’une discussion inspirante et décomplexée, à leur image.
Mai 2016. Sarah et Carol Piron s’apprêtent à lancer une nouvelle version de leur site web. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elles prennent la peine de secouer leur présence digitale en recentrant le propos, histoire de faire coller les images et le son. Si les sœurs liégeoises ne sont pas du genre à citer des groupes musicaux, des films ou des capitales en vue censés justifier l’une ou l’autre influence repérable dans leurs collections, Filles a Papa n’en reste pas moins une marque en phase avec le Zeitgeist.
“Notre envie, saison après saison, est de créer un vestiaire décomplexé où chaque pièce trouve sa place. FAP est une marque à l’esprit résolument nineties (Carole et Sarah ont respectivement 31 et 30 ans, ndlr.) qui s’adresse à une fille aux multiples visages. Une fille qui aime allier les contraires, mélanger les styles. Nos maillots, par exemple, sont conçus comme des vêtements à part entière qu’on porte, pourquoi pas, pour sortir le soir”.
Bijoux et pré-collection
Si les maillots “chaines” de l’été 2016 sont travaillés dans une idée de bijou, la prochaine collection beachwear de Filles a Papa explorera encore davantage cette approche du maillot de luxe.
“Jusqu’à présent, nous avons collaboré avec la société belge Agiva pour la confection de ce volet de la collection. Pour nous, c’était important, même si le prix est forcément plus élevé que sur d’autres marchés, de conserver cette dimension belge. En novembre prochain, nous allons lancer une capsule centrée sur des maillots encore plus “bijoux”. On peut l’envisager comme une collection “cruise” ou tout simplement comme une manière de répondre à la demande des marchés qui souhaitent anticiper l’arrivée en boutique de la collection été. Aujourd’hui, nous sommes en pleine phase de développement aux Etats-Unis. Là-bas, les magasins veulent des nouveautés tous les deux ou trois mois. Cette approche du retailing est un nouveau business model qui arrivera prochainement Europe, j’en suis convaincue.”
En mouvement
Filles à Papa est une marque mordante, incisive, sexy, mais jamais vulgaire. Une signature qui s’impose dans les multimarques les plus hype du monde tout en cultivant une sorte de désinvolture. Cette nonchalance n’est toutefois qu’une coquetterie stylistique au service d’une coolness sophistiquée, ADN du label. Car de l’intérieur, ça bosse ferme.
“Notre image de marque actuelle est le résultat d’un parcours évolutif. En 7 ans, notre manière de créer a changé et nous avons aussi énormément progressé en termes de qualité. Aujourd’hui, le marché et en mouvement et FAP connaît une belle croissance. Il était donc primordial de nous réorganiser et de nous entourer des bonnes personnes. En septembre dernier, nous avons décidé de réorganiser notre équipe et d’engager un manager de vente pour solidifier notre présence sur nos marchés clé: le Royaume-Uni, l’Italie, les Etats-Unis, l’Asie.”
Love, always
Cette restructuration est née d’une envie de grandir, mais aussi de retrouver du temps pour la création pure.
“Nous avons senti que nous avions besoin de nous décharger de certaines tâches pour retrouver le plaisir de créer. Nous voulons continuer à imaginer des produits exclusifs et rares, fabriqués en petites séries et de manière éthique. Récemment, nous avons fait le déplacement jusqu’en Inde pour rencontrer les responsables des ateliers de broderie qui réalisent nos pièces en sequins”.
En 2017, Carol et Sarah Piron se verraient bien troquer leur présentation de collection contre un vrai défilé, une manière d’accroitre encore leur crédibilité sur la scène mode internationale. Mais avant ça, elles proposeront, pendant la prochaine fashion week, une série de pièces en cuir.
“Des sacs et des housses d’ordinateur, notamment. Nous en avions envie depuis longtemps, mais il fallait trouver l’atelier qui puisse comprendre et réaliser notre idée. Pour grandir et avancer, il faut parfois pouvoir dire ‘stop’, réfléchir, s’entourer. C’est notamment ce que nous avons fait en choisissant, il y a quatre ans, de travailler de manière permanente avec Gregory Derkenne , le photographe qui a shooté nos campagnes dès le lancement de la marque. Aujourd’hui, l’identité de FAP est le fruit de notre trio puisque Gregory signe, avec Sarah et moi, le design de toutes nos collections.” Un échange créatif sous le signe de la complémentarité qui, c’est le moins que l’on puisse dire, fait mouche.”