Diane von Furstenberg : le pouvoir de l'indépendance

Diane von Furstenberg
Le pouvoir de l’indépendance

Categorie: Interviews
Date de publication:

Le terme « extraordinaire » décrit parfaitement la vie, la carrière et le destin incroyables de Diane von Furstenberg. La créatrice bruxelloise a habillé des millions de femmes dans le monde entier avec son emblématique robe portefeuille en jersey imprimé. Séduisante et élégante tout en restant pratique, elle symbolise le pouvoir et la confiance en soi chez la femme : au fil de ses collections, la créatrice belge n’a jamais cessé de croire en elle.

Depuis le 21 avril, le Musée Mode & Dentelle à Bruxelles rend hommage à son œuvre grâce à l’exposition « Woman Before Fashion », organisée par Nicolas Lor. Les visiteurs ne découvriront pas une rétrospective mais une vision insolite et passionnante du travail de Diane von Furstenberg, avec pour fil rouge la robe portefeuille emblématique de la créatrice.

Nous avons rencontré cette célèbre créatrice dans le cadre d’une interview exclusive et avons discuté avec elle de sa conception unique du style, de son amitié avec Yves Saint Laurent et de la raison pour laquelle elle s’est donné pour mission de renforcer l’autonomie des femmes et de leur donner confiance en elles.

Le Musée Mode & Dentelle rend hommage à votre œuvre en organisant une magnifique exposition à Bruxelles, qui a débuté le 21 avril. Vous êtes-vous impliquée concrètement dans ce projet ?

Je suis le sujet de l’exposition, mais pas l’organisatrice. Nicolas Lor, le commissaire de « Woman Before Fashion », m’a abordée pour me faire part de ses idées. Il est jeune et s’y connaît en mode contemporaine, il a travaillé pour des marques prestigieuses et il a l’œil. J’ai donc été flattée qu’une personne de sa génération veuille mettre sur pied une exposition sur moi et mon travail.

Avez-vous été surprise qu’il vous choisisse ?

Oui. Je n’arrêtais pas de lui dire qu’il y avait des créateurs belges bien plus intéressants à mettre en avant. Mais il m’a rétorqué que mon travail était pertinent non seulement pour lui, mais aussi pour la nouvelle génération. Évidemment, ça m’a fait très plaisir de l’entendre !

Vous avez inspiré de nombreuses femmes et de nombreux créateurs.

Quand Nicolas est venu me voir et consulter les archives à New York, je l’ai présenté aux responsables de Rizzoli. Ensemble, ils ont parlé de rédiger un livre sur l’exposition qui portera le même titre que cette dernière et qui sortira en septembre. Je me dois de souligner que cette exposition n’était pas du tout un coup de marketing de notre part, et que Nicolas voulait vraiment que la première exposition qu’il organise au sein du musée retrace mon œuvre et mon héritage.

Pourquoi Bruxelles reste-t-elle importante pour vous ?

Je suis née à Bruxelles et j’ai grandi au centre-ville. La Grand-Place est un de mes quartiers préférés. C’est là que je suis allée à l’école et Bruxelles est un lieu que j’affectionne tout particulièrement. Je vois l’organisation de cette exposition comme un clin d’œil et j’en suis très honorée.

Votre robe portefeuille existe maintenant depuis un demi-siècle. Comment expliquez-vous sa popularité ?

J’ai créé la robe portefeuille pour faciliter la vie des femmes que je connaissais. Je voulais qu’elles se sentent aussi confiantes et à l’aise que les hommes dans leurs costumes. Aujourd’hui, ma petite-fille Talita travaille au sein de l’entreprise et nous nous comprenons bien. Vous savez, quand je repense aux 50 dernières années, j’ai plutôt l’impression que 300 années se sont écoulées. Tant de choses se sont passées dans ma vie, mais aussi dans mon entourage. De nombreuses personnes dont j’étais proche sont décédées. La vérité est que je suis une survivante, tout comme ma mère. Dix-huit mois avant ma naissance, elle était à Auschwitz. Quand on l’a libérée du camp, elle était tellement frêle et maigre que les docteurs lui ont annoncé qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfants : j’ai été son bébé miracle.

Je suppose que ça a placé la barre assez haut quant à votre propre succès. Pensez-vous que votre ambition vienne de là ?

Je n’ai jamais pensé à ce genre de chose étant petite, mais maintenant je comprends comment ça a influencé certains aspects de ma personnalité dans le sens où le fait même que j’existe ait été un triomphe : je n’étais jamais censée naître, et pourtant je suis là, en bonne santé et pleine d’énergie.

Vous avez toujours eu une réelle confiance en vous-même, ce qui explique peut-être pourquoi vous êtes un tel modèle pour les femmes. Est-ce qu’avec l’âge, on prend mieux conscience de notre valeur ?

Je pense que déjà quand j’étais jeune, j’étais consciente que la relation qu’on a avec soi-même est la plus importante. Vous ne trouverez pas la force chez les autres, mais en vous-même. Je ne sais pas comment j’ai appris ça, mais l’éducation stricte de ma mère m’a certainement influencée. Elle ne m’a jamais permis d’avoir peur, elle m’a toujours répété que la peur n’était pas une option.

Quelles autres valeurs vous a-t-elle transmises ?

Elle m’a appris à ne jamais me poser en victime. On ne parlait pas de mode ou de vêtements ensemble, même si elle était toujours habillée de manière très élégante. Elle m’a également encouragée à être indépendante, ce qui, pour elle, était la chose la plus importante dans la vie.

Vous avez personnellement rencontré de nombreux créateurs, qui font désormais partie de l’histoire de la mode. Qui vous a le plus impressionnée ?

J’adore Yves Saint Laurent, Stephen Burrows, Pucci et Giorgio di Sant’Angelo.

Comment Yves Saint Laurent était-il en privé ?

Être en sa compagnie était merveilleux. Yves était drôle, adorable, intelligent et charismatique. Il m’a dit un jour que son plus grand regret dans la vie était de ne pas être Matisse, un peintre qu’il adorait et vénérait vraiment.

Vous êtes en contact permanent avec les plus jeunes. Qu’apprenez-vous des nouvelles générations ?

Les jeunes qui restent fidèles à eux-mêmes sont ma plus grande source d’inspiration. Nous vivons dans un monde complexe et je m’inquiète parfois pour leur avenir ou pour la manière dont ils vont gérer les choses, mais je pense que le secret est de garder sa ligne de conduite et de rester fidèle à soi-même, que ce soit dans la vie ou dans la mode. Ne regardez pas ce que les autres font et apprenez plutôt à perfectionner votre propre art.

Interview par

Philippe Pourhashemi

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